Répondre du vivant
La responsabilité n’est plus ce qu’elle était. Elle a de plus en plus tendance à être prise, non plus tant comme la capacité à répondre de ses actes passés devant un juge, mais comme la disposition à répondre d’un autre plus faible, et d’en prendre en souci l’avenir : relation asymétrique, dans laquelle un sujet, capable d’agir, s’engage à répondre de la vulnérabilité d’un autre, se tenant pour obligé par sa faiblesse même.
Par ailleurs le « responsable » ici n’est pas en position de surplomb, il est lui-même périssable. C’est ce changement de paradigme que suggère Hans Jonas, dans son ouvrage fondateur Le principe Responsabilité. Créatrice de liens, la responsabilité ne peut se dire alors que du vivant, du fait de son essentielle vulnérabilité, et de la requête qui en émane. L’éthique de la responsabilité est ainsi proche de l’éthique, et de la politique, du care, à l’œuvre dans les pratiques du soin, soin parental, soin médical, … Comment mieux « sentir » ce que nous faisons ? Comment comprendre la genèse et l’efficience de cette forme de l’agir ? Peut-on la considérer dans sa généralité, incluant l’action politique, voire la responsabilité qui semble nous incomber aujourd’hui à l’égard des vivants non humains, de ce que nous appelons la « nature », ou la biodiversité ? Quel est le rôle de la réflexion éthique dans la construction des outils propres à en développer l’exercice ? Que peut-on attendre d’une « philosophie du vivant » pour enrichir ici la recherche éthique ? Roland Schaer et Olivier Abel
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