L'art dans tous ses états
Dans Le Plaisir au dessin, Jean-Luc Nancy définit le dessin comme une « ouverture », c’est-à-dire, pour lui, un envol, une origine, un geste plutôt qu’une figure tracée, un « inachèvement essentiel » au contraire de la peinture ou du film, clos et achevés. Comme « danse », « chant », « musique », le dessin possède cette valeur d’énergie, de non-clôture de la forme, au contraire de la peinture et du cinéma. (...)
D’ores et déjà, Jérôme Cottin propose ici quelques éléments de réflexion dans son article sur esthétique et éthique : le protestantisme a engendré une longue tradition d’iconoscepticisme, refusant à l’esthétique tout statut éthique, la Bible opposant souvent image et morale, proposant même une éthique sans images (« Tu ne te feras pas d’image taillée ») ; disqualifiée sur le point théologique, l’image retrouve pourtant un usage éthique, voire militant, paradoxalement, avec la Réforme, un statut de lutte pour un monde plus juste, nous dit-on dans ces pages, qui se prolonge jusqu’à l’art du XXe siècle, avec Chagall, Manessier chez qui l’art retrouve paradoxalement une veine d’inspiration biblique.
Marcello Massenzio semble poursuivre cette réflexion avec d’autres outils, ceux de l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss (dont il est un fervent disciple) et sur le thème du Juif errant. Depuis l’évangile de Jean jusqu’à la « littérature bleue » de colportage née à Troyes vers 1600, depuis Matthieu Paris jusqu’à la crucifixion blanche de Chagall, le Juif errant est devenu un mythe : à travers lui, l’Europe s’est constituée une image de l’Autre à laquelle elle se confronte sans cesse, le semblable, le tout proche, et le différent. (...) Marcello s’attache à l’analyse des transformations subies par le mythe à la suite de l’Holocauste, en prenant comme point de repère la très belle nouvelle d’Élie Wiesel (...).
Passant de l’anthropologie à son objet même, l’homme, nous poursuivons et achevons dans ce numéro notre série sur Qu’est-ce que l’homme ? Isabelle Grellier répond à la question en situant l’homme dans sa relation à Dieu, dans ce face-à-face paradoxal, interdit et pourtant salvateur. La musique n’est pas oubliée dans cet itinéraire de réflexion sur l’art et ses implications : James Lyon met en lumière la naissance de l’hymnologie moderne par Martin Luther.
Pour finir en feu d’artifice, retour à l’Écriture. Danielle Ellul jette le trouble dans nos certitudes : Paul, docteur de la Loi, certes mais l’est-il vraiment ? Ou plutôt que nous enseigne-t-il véritablement de la Loi ? Rejetant les clichés, la bibliste nous introduit à une autre lecture des épîtres, celle d’une « éthique paulinienne de situation ». (...)
(Extrait du Liminaire d'Annie Noblesse-Rocher)
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Nous avons lu, vu ...Livre : « Religion et État en Israël » d'Ilan Greilsammer Ilan Greilsammer est professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv. C’est comme politologue et spécialiste des relations entre religion et &...
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